Trois sources de graines locales pour revégétaliser trois fois plus de zones érodées de la montée au col Vieux et surtout, beaucoup d’huile de coude…
Rappellons-nous…L’année dernière, à la même époque, le Département des Hautes-Alpes dans le cadre du programme de valorisation du Col Agnel (opération « Grands Cols »), a mené en partenariat avec le Conservatoire Botanique National Alpin (CBNA), le Parc Naturel Régional du Queyras, la commune de Molines en Queyras et le groupement de pastoralisme, une expérimentation de revégétalisation à partir de graines récoltées localement dans l’alpage.
Cette action, qui s’inscrit par ailleurs dans le programme SEM les ALPES mené par le Conservatoire botanique national alpin, a concerné la partie basse de l’ancien sentier montant au col Vieux (250 m linéaire sur 2 m de large, soit 500 m²). Ces efforts ont été concluants puisqu’au Printemps, l’inventaire botanique réalisé par le CBNA sur cette zone a permis de recenser pas moins de 17 espèces, dont certaines très structurantes pour la pelouse alpine, comme le trèfle ou le sainfoin.
C’est donc avec enthousiasme que cette action a été réitérée cette année mais avec des objectifs bien plus ambitieux : revégétaliser 6 zones érodées discontinues, réparties jusqu’au col Vieux, qui représentent au total plus de 700 m² (voir carte). Afin d’avoir la quantité nécessaire de graines locales, trois sources ont été utilisées : la récolte fraîche en directe dans l’alpage, la récolte en pure issue en partie de la mise en culture et la récupération de fonds de granges auprès de M. Francis BLANC, agriculteur de Molines en Queyras. Les trois sources de matière n’ayant pas été mélangé, l’efficacité de reprise de chacune d’elle pourra être mesuré grâce à un suivi scientifique du CBNA.
Ce chantier s’est déroulé sur deux jours, les 5 et 6 septembre, en régie en mobilisant une dizaine de personnes sur l’ensemble des structures partenaires. À noter que pour le Département des Hautes-Alpes, toute l’équipe du centre technique de Château-Queyras a prêté main forte. Un renfort le deuxième jour, notamment du PNR du Queyras, a permis de végétaliser une 7ème zone dégradée de 50m linaire sur 2 mètres de large, soit 100 m² en plus et grâce à un supplément de fonds de grange.
Comme l’année passée, cette intervention sur site s’est déroulée selon un protocole bien précis :
• La récolte de matière fraîche (graines avec foin) dans la zones de défens est réalisée au moyen de trois outils : un aspirateur à graines, une brosse rotative et une tondeuse. Chacun de ces engins ayant des spécificités complémentaires, leur passage successif au même endroit a permis d’optimiser la récolte : la surface de la zone de récolte est 12 fois plus grande que la zone revégétalisée. Ce qui est normal à cette altitude !
• La préparation du sol à végétaliser constitue un préalable indispensable afin que les graines puissent prendre racine. Les zones à végétaliser, sur une largeur minimale de 2 mètres, sont ainsi griffées au moyen d’un scarificateur – nouveauté 2017 impulsée par les collègues des Routes ! puis, selon les besoins, manuellement au moyen de fourches et de râteaux.
• L’ensemencement avec la pose de géotextile
L’épandage se fait à la volée en respectant une certaine densité sur toute la longueur. En simultané, un géotextile de fibres de coco est déroulé afin de piéger les graines et de limiter leur dissémination hors de la zone à végétaliser. Pour assurer le maintien du géotextile, ce dernier est fixé au sol par la pose d’agrafes métalliques ou en bois, nouveauté 2017 concluante.
Cette intervention est déterminante pour la réussite de l’opération de valorisation du Col Agnel. Vivement le Printemps 2018 pour voir que ça pousse !